mercredi 17 novembre 2010

L'Oeil de Moscou

Article qui aurait dû être posté hier mais… la flemme…

Il y a exactement deux semaines, nous tentions d’apporter nos demandes de visas à l’ambassade russe de Paris. Les bureaux ouvrant à 9h, nous arrivâmes face au bâtiment vers 10h, après deux longues heures d’embouteillage. La file d’attente commençait dès le trottoir, une trentaine de personnes devant nous, plus les passe-droits. Ce qui est amusant dans ce genre de situations, c’est la sympathie qui nait naturellement entre les personnes qui grelottent sur le goudron en attendant la prochaine rafle. Mais à midi, quand le gardien du portail est réapparu, ce n’était pas pour entrer un nouveau groupe de personnes. De sa charmante grosse voix, et de ses petites mains qui sont sorties des manches de son costume trop grand, il nous a fait comprendre que c’était fini pour aujourd’hui, nous devions rentrer chez nous.

On apprend de ses erreurs…

Réveil à 5h15. Moteur lancé à 6h. 8h10 : arrivée devant l’ambassade. Déjà vingt personnes semblent faire la queue mais, cette fois-ci, elles ne sont pas le long de la grille. Je me joins à la file et sors de mon sa un roman pour faire passer le temps : les bureaux n’ouvriront que dans trois quarts d’heure. Vers 8h30, un CRS, armé, nous donne l’autorisation de nous approcher de la grille, ce qui permet aux lecteurs paresseux (dont je fais bien sûr partie) de s’assoir sur le muret porteur des barreaux métalliques. 8h55 : un petit homme âgé sort des bureaux et ouvre le portail ; un premier groupe passe de l’autre côté mais je n’en ferai pas partie car il referme devant le visage de l’homme qui me précède. Dans la file, j’ai repéré le visage d’un jeune homme qui était déjà là il y a quinze jours. Je me rassois et reprends ma lecture, sagement, dans le froid. 9h15 : deuxième rafle, cette fois-ci-, j’en fais partie. Deuxième portail traversé, on nous fait encore attendre dehors. L’homme au costume trop grand fait son apparition. Sa nouvelle coupe de cheveux ne lui a pas rendu son sourire. Il nous montre une affiche du doigt et nous la lit. « Téléphones coupés ! » Nous nous exécutons sans rechigner.

Un par un, nous passons la porte. Le petit est derrière une table, il me fait signe d’y poser mon sac et de vider mes poches. Par chance, je n’ai ni couteau ni arme à feu sur moi, je passe le portique sans sonner, récupère mes affaires et franchit le tourniquet blanc.

Sur ma gauche, j’aperçois la salle des fêtes : une grande table sur laquelle des personnes remplissent leur dossier ; autour, de vieux canapés en cuir défoncés, vides, et au-dessus, un écran plat qui retransmet une série russe. En avançant, je retrouve mes partenaires de la file d’attente, toujours dans cette même position. Les guichets encadrent les « attendants » (néologisme, je sais) : à gauche, les femmes derrières les vitres ne parlent qu’en russe (si j’en crois les affiches entièrement écrites en alphabet cyrillique) et ne semblent pas être concernées par les visas. C’est donc vers les vitres de droite que mon regard se tourne. Le « Guichet n°8 – Caisse » est tapissé d’images représentant divers monuments du monde. Les trois autres ont déjà été atteints par des réclamants, il faut attendre son tour. Un homme derrière moi m’explique qu’il a fait la queue dehors simplement pour savoir quelles sont les pièces nécessaires, pas la peine qu’il perde son temps : je lui en fais la liste et lui explique qu’il pourra retrouver toutes ces informations sur le site de l’ambassade. L’homme au costume gris, au dernier guichet, qui a été abandonné par son interlocutrice semble perdre patience. L’homme à la veste en cuir, au deuxième guichet, venu pour toute sa famille, découvre que les photos n’ont pas le bon format, il faut les refaire mais ils partent lundi prochain. La file n’avance plus. Le temps passe et rares sont les personnes satisfaites de leurs entretiens… Dans la queue, nous nous rassurons les uns les autres en comparant nos documents qui semblent identiques.

Il est un peu plus de dix heures quand j’atteints la vitre. Derrière elle, un blond frisé à lunettes m’accorde un sourire. Il récupère les documents que je lui tends, les classe et les examine à une vitesse incroyable, puis finit par me montrer les formulaires de demande :

« Vous devez redécouper les photos pour que le cadre apparaisse et vous devez préciser l’adresse de l’établissement dans lequel vous travaillez ainsi que l’adresse de l’université de votre ami. Vous écrivez au stylo noir. Il y a des ciseaux et de la colle sur la grande table. Ensuite, vous revenez au guichet sans faire la queue et je pourrai valider votre dossier. »

Déçue de ne pas avoir rendu copie parfaite, je rejoins l’atelier découpage et fais bien attention à laisser apparaitre les traits noirs. Pour ce qui est des adresses, c’est plus compliqué… L’adresse du STAPS de Montpellier ?... Un vague souvenir me revient… Je m’en contenterai parce qu’il est hors de question que je rentre chez moi pour vérifier sur internet et me retaper ce chemin de croix. UFR STAPS, av. du Pic St Loup, 34 000 Montpellier. Pour mon boulot : hésitation ; je suis rattachée administrativement à Lésigny mais je bosse à Mouroux et Faremoutiers… De toute façon, la seule dont je me souvienne est celle de Lésigny alors allons-y gaiement ! Je rassemble mes affaires et mo poste devant la vitre du blond frisé, prête à dégainer mon passeport !

Après quelques minutes d’attente, je peux reglisser les papiers sous la vitre, cette fois j’ai tout bon ! Il rentre des données dans un ordinateur, remplit un petit papier et me tend deux tas de documents. Le premier ne contient que les attestations d’assurance que je devrais avoir avec moi lors de notre voyage et le deuxième contient tout le reste. Je dois les présenter au « guichet n°8 – caisse » avec le petit papier griffonné.

Presque la fin ! La femme n°8 s’empare des documents, plie soigneusement les formulaires en 4 qu’elle glisse dans les passeports, ajoute les autres pièces, ferme le petit paquet à l’aide d’un élastique et me fait signe de passer de l’autre côté du mur, pour payer.

Deux personnes devant moi. Cela passe vite, il ne s’agit que de payer. C’est mon tour. Je glisse ma carte, tape mon code, leur offre 70 €, on me tend un billet vert et mon ticket de caisse, mes passe-droits pour ne pas avoir à faire la queue quand je reviendrai chercher nos passeports avec visas…

Il est presque 11h quand je sors. La file le long de la grille s’est encore allongée. Ils ne passeront pas tous, j’en sais quelque chose. Et pendant qu’ils attendent pour rien comme moi il y a deux semaines, je prends la route, direction le Trocadéro, puis, la Seine, la Grande Roue est en train de se construire, le Louvre, le soleil brille sur Paris, ce matin.

mercredi 10 novembre 2010

Parce qu'il y a aussi de bonnes journées

Ils sont 27, 4ème3. Pas facile la 4ème : montée des hormones, besoin de s'affirmer et de montrer que les adultes on "s'en bat les couilles", et les règles c'est pour les "bouffons"... Et pourtant, depuis peu, l'ambiance se détend. Ils ont dû comprendre que je préfère féliciter que punir, que je préfère balancer une vanne un peu sèche que de crier, que je suis plutôt calme... Ils m'écoutent, ils lèvent la main, ils sont avec moi alors, qu'il y a peu, ils étaient contre moi...

C'est un beau métier, y'a pas à dire!

lundi 1 novembre 2010

Se réveiller...


Une nuit de dix heures, parce que la dernière a été sans sommeil, presque. Nous avons quitté la Croatie samedi soir, dans la nuit. Quand nous sommes arrivés en Belgique, il était tard, il n'y avait plus de bus pour Bruxelles et nous avons attendu dans l'aéroport que le jour se relève, parfois éveillés, parfois endormis par terre, sur le carrelage frais, la tête sur nos sacs et nos souvenirs nouveaux. Mais la lumière et le bruit de la salle de jeux n'ont pas permis de se reposer véritablement et nous avons pris le petit déjeuner vers 5 heures du matin avec ceux qui, comme nous attendaient le retour des bus et les premiers voyageurs de ce dernier dimanche d'octobre. Le bus nous a reconduits à la gare centrale de Bruxelles vers 10h et nous sommes montés dans le TGV à 11h20. Bus à 14h. Appart' avant 15h.
Et c'était fini... Avec naïveté, on regarde les photos, encore et encore, on les classe, on essaie de revivre cette dernière semaine mais c'est bel et bien fini, on ne peut pas lutter!
La lumière a été éteinte avant 21h et les yeux ne se sont rouverts que ce matin, les corps reposés, les esprits encore loin...
Pourtant, il a bien fallu l'admettre : il faut recommencer en attendant le prochain départ... Je corrige les copies de mes gosses avec un peu de musique. Dans la fenêtre, c'est gris.