Deux semaines que le travail a repris. Ils étaient tous là, comme si rien ne nous avait séparés. Rien n'avait changé à part le ciel : maintenant, quand je pars bosser, il fait jour. Ils ne se doutaient pas que je ne serais qu'un passage dans leurs vies, une brève rencontre, quelqu'un qu'ils auront croisé une petite année de quatrième ou de cinquième. Mais un an, rien qu'un an, maintenant, je le sais, j'en suis même certaine. Je quitte la région parisienne cet été et je n'y remettrai plus jamais mon cartable! J'ai manqué l'académie de Montpellier à pas grand chose, dix petits points ridicules mais je m'en rapproche : je pars pour l'académie de Grenoble. Ma géographie s'améliore avec les années et les demandes de mutation : 38, Isère ; 73, Savoie ; 74 Haute Savoie ; 07, Ardèche et 26, Drôme. Je devrais pouvoir prendre la route de ce dernier département. C'est ce que je souhaite, en tout cas. Il est le plus au sud et le plus proche de Montpellier : TGV ou autoroute...
Le cauchemar n'est donc pas tout à fait fini mais il s'améliore. Ce qui me fait le plus plaisir, c'est de savoir que s'il m'arrive d'avoir un énorme coup de déprime, comme il m'en arrive assez souvent, je pourrai prendre ma voiture et, en 2 heures, je serai avec S., chez nous.
Je ne pensais pas qu'il était si important de se trouver un endroit où l'on se sent chez soi, réellement. Choisir un lieu non pas pour son boulot, pour ses études mais parce qu'on s'y sent bien, vivant, en paix, en sécurité. J'ai rencontré Montpellier par hasard, surtout pour S. qui devait partir pour ses études ; je savais que ce climat me ferait du bien mais j'ignorais comme j'aimerais cette ville, ses couleurs, son mouvement. D'y retourner en fin de semaine me redonne comme un nouveau souffle. Je suis attachée à cet endroit comme à une personne, comme à toutes celles que j'y ai connues, comme aux bons souvenirs qui y sont nés.
Je quitte la région parisienne dans quelques mois et je suis heureuse.